Cajarc "ex-première dame"
En arrivant en gare de Cajarc on a du mal à s'imaginer l’effervescence qui animait ce lieu il y a plus de quarante ans lorsque que le Président de la République d'alors Georges Pompidou venait passer ses vacances ici dans le Lot. Il fut dans les années soixante conseiller municipal du village et conserva une maison dans un hameau aux alentours.
La gare de Cajarc n'est pas prête de revivre un évènement tel qu'un train présidentiel. Nous sommes ici sur la ligne de Cahors à Capdenac ouverte en 1886 et qui porte le numéro 724000. Il s'agit d'une ligne de voie unique non-électrifiée d'une longueur 71,350 kms. Si elle dût sa survie dans les années 60-70 grâce à la bienveillance de Pompidou, on ne peut pas en dire autant de son homologue de Monsempron-Libos à Cahors qui cessa le service voyageurs dès 1971.
Mais en 1980, 6 ans après le décès de son "protecteur", le service voyageurs fut supprimé (remplacé par des bus) et en 1989 il en fut fini du fret. Les gares firent vendues et la ligne plongea dans le sommeil et l'oubli.
Il fallut attendre 1993 pour revoir circuler à nouveau un train grâce à l'association QUERCYRAIL qui utilisa la voie afin de faire découvrir le tracé de la ligne le long du Lot et de pérenniser les infrastructures comme par exemple la voie d'évitement de Cajarc.
Mais voila maintenant plus de 10 ans qu'aucun train ne vient rompre le calme de la charmante bourgade car en 2003 Réseau Ferré de France (RFF) exigea de lourds travaux pour autoriser l’exploitation de la ligne. Cela porta un coup fatal à l'association qui dût abandonner la circulation du QUERCYRAIL et depuis un des autorails gît au fond de la gare de Cajarc sous une bâche...
La descente aux enfers continua avec en 2009 la volonté de RFF de déposer l'aiguille d'accès de la ligne à Cahors mais cela fût empêcher par l'intervention de défenseurs du service public ferroviaire.
http://www.ladepeche.fr/article/2009/10/27/702452-ils-empechent-la-depose-de-la-ligne-cahors-capdenac.html
On toucha vraiment le fond quand le 9 juin 2011, RFF déclassa entièrement la ligne de Cahors à Capdenac avec la bénédiction du Conseil Général du Lot dont le Président Gérard Micquel rêve de la déferrer pour en faire une voie verte (comme sur l'ancienne ligne Gourdon-Sarlat). Et que dire du Conseil Régional de Midi-Pyrénées qui lors de son plan rail (2007-2013) chiffré à 820 millions d'euros (dont 400 millions apportés par la région) a choisi de sciemment écarter la ligne de Cahors à Capdenac des investissements réalisés.
Concernant la voie verte, le coût est évalué entre 20 et 25 millions d'euros alors que la réouverture de la ligne reviendrait à 30 millions d'euros d'après une étude. http://www.ladepeche.fr/article/2013/04/15/1606001-ligne-cahors-capdenac-ruban-vert-contre-chemin-de-fer.html
Espérons que le projet de réouverture et la mobilisation des usagers, des associations, des syndicats cheminots et de certains élus vont permettre de conserver ce patrimoine ferroviaire et menacé de disparition depuis déjà trop longtemps.
Et qui sait peut-être que dans quelques temps la quiétude de Cajarc sera dérangée par des usagers heureux de retrouver cette "ex-première dame"...