Une suite à Gizycko
Gizycko, la gare
Il vit dans une suite à Gizycko.
Aiguilleur de trains, il a déserté le chemin de fer, histoire d'échapper à son ennui quotidien.
Il en a marre de cette triste besogne, qui se résume à donner la direction aux trains venant de toute la Pologne.
Alors il est parti vite, sans poser ses congés, pour vivre dans une suite.
Il vit dans une suite à Gizycko
Dans le centre ville, il y a un hôtel avec une grande télé et surtout une jolie réceptionniste pour laquelle son coeur et son jean ont craqués.
S'installer à ses côtés, c'est sa meilleure idée.
Il pourra mater le foot, les chevaux et se faire livrer des McDos, en espérant qu'un jour, pour le voir, elle passe.
Pourtant, il sait bien qu'on ne séduit personne en restant le cul posé dans un palace.
Il vit dans une suite à Gizycko.
Il a voulu fuir ces crétins de religieux qui, hier, lui ont collés une branlée dans un bar miteux,
et ses patrons zélés qui le font travailler la nuit, quel qu'en soit le prix pour sa santé.
C'est pour cela qu'il préfère rester ici à s'enivrer de steacks, de frites et de pains de mie.
Il vit dans une suite à Gizycko.
Bientôt, faute de budget, à la gare il devra se présenter.
On lui dira alors : "Monsieur voici votre sanction disciplinaire, vous êtes nommé garde-barrières".
Et il n'y verra que du bien, à arrêter les voitures pour faire passer les trains.
Mais pour le moment, il vit dans une suite à Gizycko.
Conscient que la vie est parfois une mayonnaise qui ne prend pas,
qui vous tâche plus souvent le slip qu'elle ne vous remplit l'estomac.
Gizycko, le poste d'aiguillage côté Elk