Carte Postale de Vif
La gare de Vif
Mes chers amis,
Il arrive parfois que l’on suive des chemins de traverses pour arriver dans un lieu très familier, et d’autres où l’on suit un plan bien déterminé pour se retrouver on ne sais où.
Bien qu’étant contradictoire, ces deux remarques se valent quand il s’agit de faire route pour la gare de Vif en Isère, lieu depuis lequel je vous écris.
Tout d’abord, quand vous venez de Grenoble tout est bien indiqué, Vif vous ne pouvez manquer. Inutile de s’embarrasser des petites routes ou du train, l’autoroute A480 vous y mène aussi et pour Vif il suffit de prendre la sortie 12.
Par contre, ne cherchez pas dans la commune un bout de gare, il vous faudra bien dépasser les lieux et remonter en direction de la montagne, pour trouver le bâtiment enclavé dans le massif, le tout entouré de grands arbres.
Arrivé sur place, vous trouverez une gare un peu bizarre où se côtoient des cheminots, des poules, un âne et quelques voyageurs.
Oui, Vif c’est un peu la crèche de Jésus Christ, sauf qu’à Noël il y fait moins chaud. Ce qui explique pourquoi du bois de chauffage est entreposé un peu partout autour de la gare.
D’ailleurs, le chemin de fer ici fait un bon de presque 2000 ans en arrière. Annoncés informatiquement depuis Grenoble, les trains le sont ensuite téléphoniquement de gare à gare jusqu’à Aspres-sur-Büech, soit la base du chemin de fer et plus précisément du cantonnement : une hérésie lorsque vous venez d’une agglomération de plus de 500 000 habitants et que vous souhaitez prendre le train.
Mais si vous partez de l’autre côté, depuis le Vercors, tout vous apparaît différemment, simplement parce que comparé au reste des gares bordant la ligne des Alpes, Vif est de loin la plus moderne.
Faut dire que du Col de la croix Haute-Lalley, en passant par Saint-Maurice en Trièves, Monnestier de Clermont ou encore Saint-Martin de la Cluze, la simplicité est le maître mot.
Saint-Martin de la Cluze : l'abri voyageurs
Pas de fioriture, bien que de nombreux ouvrages d’art fleurissent tout le long de la ligne, leur nature ne tend pas à défigurer le panorama pour permettre aux trains d’aller plus vite, mais embellissent le paysage tout en faisant fi d’un terrain très accidenté. De ce fait, la ligne est parsemée de fortes courbes qui ne paraissent, aux yeux des voyageurs émerveillés, qu’arabesques dessinées à flanc de montagne.
D’ailleurs dans le coin, le train est devenu plus un argument touristique, qu’un moyen de locomotion, comme à Saint-Georges de Commiers d’où s’élançait jusqu’à cette année le petit train de la Mûre.
Train qui pour le moment est à l’arrêt, la faute à un éboulement et surtout à l’absence de repreneurs.
La gare de Saint-Georges de Commiers
Vous ne serez donc pas surpris en arrivant sur Vif, après ce périple, de tomber sur le majestueux viaduc ferroviaire long de 280 mètres et d’apprendre qu’un paysan tous les matins appelle le chef de gare pour savoir s’il peut traverser le tunnel du Grand Brion (1175m) surplombé par le joli hameau de la Merlière.
Quand vous avez vu un si riche patrimoine ferroviaire et suivi un parcours aussi tortueux, rien n’est plus banal que la gare de Vif.
Alors si l’envie vous vient de visiter les lieux, réfléchissez à deux fois à quel itinéraire prendre, la destination n’est pas toujours celle indiquée.
Amicalement
Myltiad
Vue depuis la gare de Vif côté Pont de Claix et le tunnel de la Rivoire
PS :
Si toutefois vous désirez prendre l’autoroute, A480, devant à terme rejoindre l’A51, sachez que celle-ci a été construite pour lier Lyon à Marseille via Grenoble, dans le même but que la ligne de chemin de fer Alpes et donc une réelle menace pour l'avenir de la ligne.
Certes, l’autoroute ici est bien pratique, très fréquentée, bien tracée et gratuite sur certaines parties, notamment pour la traversée de Grenoble à Vif.
Quant à la ligne des Alpes, elle est non électrifiée, payante, de moins en moins entretenue, désertée et loin d’être rectiligne. Certes.
Dés lors, la concurrence paraît d’autant plus déloyale entre deux systèmes de transport, qui pourraient pourtant se compléter. Dans un souci de fluidité du trafic, le chemin de fer pourrait permettre une alternative aux camions et touristes, l’autoroute, de son côté, favoriser les voyageurs pressés.
Mais le futur paraît plus sombre que cette idée. Car il est fort probable qu’au prochain éboulement ou glissement de terrain sur la ligne des Alpes, les autorités prendront en exemple le petit train de la Mûre et nous diront que « non vraiment », ils n’ont pas d’autres choix que de fermer la ligne.
Vraiment ?