Pyrimont-Chanay: la grande dépression
(Pyrimont février 2010, la direction de Bellegarde est au fond)
J’ai souvent envié les personnes ayant le courage de faire hara-kiri, de mettre fin à leurs jours, de se passer la corde au cou, de sauter dans le vide, d’avoir la liberté de ne plus jamais s'engager, en rien.
Mais j’ai toujours été retenu par une peur inamovible.
Aujourd’hui tout est différent, je passe le cap, j’ose enfin, c’est terminé, je suis en gare de Pyrimont-Chanay.
Une usine au loin crache une odeur d’asphalte, les herbes sont jaunies, les bâtiments sont couverts de tags dégueulasses et les stalactites, à profusion sur la falaise, ne demandent qu’à se planter sur mon corps. Tout est là.
Depuis bien longtemps, les trains ne s’arrêtent plus ici et la récente automatisation de la ligne a entrainé la disparition du chef de gare, personne ne pourra me retenir.
Le signal est au vert, le passage à niveau est en train de se fermer, le TGV ne va plus tarder, c’est sûr, je vais sauter.
Non ! La gare de Génissiat Port-du-Rhône est proche, ma quête doit continuer …
M
"C'est le silence qui se remarque le plus, les volets roulants tous descendus. De l'herbe ancienne dans les bacs à fleurs sur les balcons. On doit être hors-saison." Francis Cabrel